lundi 25 avril 2011

Libérer la vie en soi

Libérer la vie en soi


Par Jacques Dechance

Nelson Mandela disait : « Notre plus grande peur est de rayonner ! » Pour nous arracher à cet enfermement psychique, les techniques ne manquent heureusement pas. Jacques Dechance, qui s’est frotté à toutes les écoles de développement personnel, du sport à la spiritualité, nous offre quelques conseils qui ont fait leur preuve.

A l’origine professeur de sports, rompu aux arts martiaux, puis à des approches alternatives de santé, Jacques Dechance a développé une pédagogie originale et complète, Reliance, qui met le corps au centre. Formé en psychologie jungienne et initié par plusieurs maîtres spirituels - le grand sage allemand Karl Fried Durkheim, le maître bouddhiste zen Taisen Deshimaru et les moines orthodoxes du Mont Athos, cet « entraîneur de vie » cherche à guider la personne vers son être profond, source de créativité et de réalisation de soi.

Pour Nouvelles Clés, Jacques Dechance revient sur quelques points essentiels de son travail, autour du corps notamment et de la façon de faire circuler la vie en nous. Avec des exercices à mettre en pratique au printemps.

Je me présente comme un entraîneur, un coach de la vie, dirai-je en clin d’œil à l’intervenant en entreprise que je suis. J’entraîne les personnes vers la vie, je prends soin de la vie dans l’humain. Il s’agit d’abord de ressentir et de comprendre là où le mouvement vital est bloqué. Une respiration bloquée au niveau du plexus solaire , une voix atone, ou une peur d’entrer en contact, un manque de rayonnement peuvent traduire une peur d’exister. La qualité du regard aussi est révélatrice. J’invite alors la personne, par des exercices de lâcher-prise, de conscience du corps, de respiration, à explorer ses ressources, à orienter sa dynamique émotionnelle et sa puissance intérieure. Tout un entraînement pour réveiller et libérer l’élan vital.

Il faut souvent un déclic, une prise de conscience pour se rendre compte que même lorsqu’on est à bout, tendu et fatigué, l’énergie vitale est encore là. On peut retrouver ce contact par des exercices corporels très simples. Faîtes, par exemple, l’expérience volontaire de bloquer votre souffle en fin d’expiration ; vous ne tiendrez que quelques secondes, voire une ou deux minutes sans inspirer car, que nous le voulions ou non, la respiration reprend d’elle-même.

« Ca respire » en moi, un souffle de vie beaucoup plus fort que tout me traverse... C’est une expérience toute simple mais qui peut être importante pour des personnes qui vivent un passage dépressif, un mal être que de se rendre compte que l’élan est là, même si nous avons perdu la connexion.

On peut évoquer aussi l’élan vital par des images :

celle du brin d’herbe qui perce l’asphalte, l’énergie du regard d’un tout petit enfant qui nous captive, le regard d’un amoureux pétillant de vitalité.

Ou encore -et c’est une histoire véridique !-, la puissance de cette femme, parvenue à soulever sa voiture sous laquelle son enfant était coincé. C’est la même énergie primordiale qui traverse tout ce qui existe et qui, pour moi, est à la fois physique, mentale, émotionnelle et spirituelle.

Tout l’art d’être en contact avec cet élan vital, de « recontacter » la vie en nous, c’est d’être dans une attention, un ressenti de son propre niveau d’énergie et de s’entraîner à aiguiser cette perception de notre état interne.
Je propose beaucoup d’exercices sur la stabilité corporelle, pour apprendre à se centrer, apprendre à bien sentir le sol par ses pieds, ses jambes, placer son bassin, sentir les liens qui structurent le corps et aider l’énergie à circuler.

Travailler sur le plan corporel est essentiel : plus on s’incarne, plus on a confiance en soi. Plus mon squelette est décompressé, plus je vais être ouvert et étiré dans mon corps, plus l’énergie vitale pourra circuler. Il s’agit finalement de prendre soin de notre temple intérieur comme on construit une cathédrale.

De même que certains monuments -les pyramides, les églises romanes, les rochers mégalithes... ont des formes qui concentrent l’énergie, notre forme à nous, n’est pas anodine : notre corps a été conçu pour que la vie circule le mieux possible.
On s’évertue à rester voûté, contracté alors qu’on tend vers notre verticalité. Les troubles musculaires et du squelette sont aujourd’hui les premières causes d’arrêt de travail dans les entreprises. Nous nous mettons dans des situations de vie où nous nous faisons souffrir et où nous empêchons la vie de circuler. Une deuxième exigence est de travailler le souffle :
plus j’aurai une respiration humaine consciente et profonde, plus l’énergie va circuler. Je propose donc des expériences autour du souffle pour élargir la respiration, mettre en ordre le diaphragme, prendre conscience de tout le système de la respiration.
Dans la plupart de mes stages, je propose un contact avec la nature, de la marche, du canoë... car l’environnement est un des éléments dont le corps se nourrit pour vivre.

Quand on vit en pleine forêt, au bord de la mer ou en haute montagne, il est évident que nous sommes « traversés qualitativement ». Un bonne soupe savourée au retour d’une ballade en forêt prend une saveur inestimable. Nous avons besoin de beauté et d’horizon...

C’est pourquoi il nous faut retrouver des villes « respirantes ». La qualité de notre maison, de son harmonie énergétique est importante aussi. Lors des stages, je veille toujours à ce qu’un groupe disposé en cercle forme un vrai cercle, qu’au fil des heures, nous ne laissions pas envahir la pièce par les objets, les livres, les cahiers qui traînent.
Il est normal qu’un désordre s’installe lorsque nous sommes en processus de créativité, mais il faut savoir faire place nette lorsque nous passons en phase de structuration. C’est une sensation de justesse, des repères qui peuvent nous aider dans notre quotidien.
J’organise chaque année un stage spécifique sur la créativité où nous travaillons sur les cinq sens. Les sens sont en effet nos intermédiaires pour capter l’énergie.

 Ils nous permettent d’être hautement sensible. La peau avec tout son réseau de captation, les méridiens ; le nez qui capte le prana, l’oreille par laquelle se recharge le cerveau, le système nerveux... Mais les sens, on le constate aujourd’hui, s’introvertissent. En l’espace d’un siècle, par exemple, notre muqueuse olfactive a largement diminué : le nez ne peut plus sentir aussi subtilement. De même, nous demandons de moins en moins d’efforts d’adaptation à l’œil.

Pas d’effort par exemple pour lire jusqu’à la tombée du jour, puisque l’électricité vient suppléer à nos besoins. Faute d’horizon, il est à prévoir que, d’ici à vingt-cinq ans, se généralise la myopie. Nous sommes loin de la vision exercée des hommes du désert qui savent déceler le moindre point sur l’horizon... Et pourtant, nous avons besoin de toutes les vibrations énergétiques captées par les cinq sens.

Je constate que nous n’arrivons plus aujourd’hui à maîtriser notre énergie, que nous soyons complètement vidés ou au contraire survoltés.

D’ailleurs les astrophysiciens observent des phénomènes d’accélération dans l’univers -nous assistons à une expansion un peu « sauvage » de l’énergie, moins contenue- et nous en subissons probablement les conséquences sur le plan énergétique.

Nous semblons vivre dans un flux accéléré, nous sommes, comme par hasard, à l’époque qui a inventé l’accélérateur, celle aussi où les gens se plaignent « de ne plus avoir le temps », d’être dispersés, saturés, avec le sentiment que la vie va « dans tous les sens ». Etre en trop plein d’énergie, cela fatigue...

Nous avons besoin de nous reconnecter.
L’homme d’aujourd’hui est comme coupé de ses liens et de ses racines. Pierre Rabhi, un spécialiste reconnu de l’agro-écologie, dit que nous sommes « des hors-sols » :
on a perdu le contact avec la terre. Nous avons inventé beaucoup d’outils de communications très subtils, mais savons-nous les mettre au service du Vivant ?
Nous avons multiplié les réseaux et les connexions mais avons-nous appris à les gérer pour trouver le bon équilibre ?
 Les hautes technologies apportent un progrès mais aussi une perte dans la façon de ressentir la vie.

C’est bien d’apprendre dans les livres qu’il faut goûter « sa première gorgée de bière » mais si je suis dans un espace temps où je ne suis plus en contact, cela reste du savoir.

On vit un peu comme incarcérés et il faut se libérer de ces « prisons du corps » que sont les contractures, ces « prisons du cœur » que sont les pressions émotionnelles, ces « prisons de la conscience » que représentent nos tensions mentales ou encore ces prisons du spirituel que peuvent constituer les grilles de lectures.

Nous employons d’ailleurs un langage de l’enfermement. Ne parlons-nous pas de « boîte crânienne », de « cage thoracique », mais aussi de travailler dans des « boîtes » ou de prendre sa « caisse » ?

Or, il est plus difficile de rejoindre notre énergie vitale dans ce monde incarcéré et hors-sol. On préférera envoyer un mail au collègue du bureau d’en face plutôt que d’aller au contact et de perdre quelques minutes pour « énergétiser » la relation. Nous devons donc réapprendre à vivre reliés, interactifs, interdépendants et en mouvement.
Ce sont les émotions qui peuvent nous orienter vers l’élan de vie. Mais tout comme nous sommes habitués à nos tensions corporelles, nous avons tendance à répéter nos émotions négatives. Peut-être une manière de se rappeler que nous sommes vivants...

Si j’ai mal, c’est que j’existe !

Je propose donc dans mes séminaires des exercices, là encore très corporels, qui permettent de reprendre contact avec ses émotions positives et de faire un tri pour éliminer de sa vie les mauvaises habitudes, ces morosités par exemple auxquelles on s’est accoutumés et qui font partie du quotidien. Une sorte d’hygiène émotionnelle qui nous apprend à cultiver la paix, la joie, la confiance, l’attention bienveillante, l’esprit constructif...

Un état d’esprit positif est sans doute un bon terreau pour nourrir en nous un mouvement vivifiant. Etre joyeux nous permet d’augmenter le nombre de nos cellules immunitaires combattantes.

De même, on peut libérer nos tensions par les rires, les pleurs : ils nous rendent plus humains.

Le jeu, le rire et l’humour, que nous vivons largement dans les stages, sont de fabuleux moyens de croissance personnelle et relationnelle.
Nous cultivons aussi la sérénité dans une retraite « Ressourcement ».

Il n’existe pas de gadgets estampillés « élan de vie », mais nous pouvons, par un travail sur nous-mêmes, redonner à l’élan vital la possibilité de circuler en nous davantage.

C’est un chemin de vie que de savoir vivre en empathie avec les situations négatives qui nous entourent sans s’y diluer. Il faut savoir se ménager des sas, des moments de reliance, et de recentrage pour se replacer dans le flux de la vie.

 Nelson Mandela disait « Notre plus grande peur, c’est celle de rayonner », c’est la peur d’être lumineux. Or, la présence à l’élan vital peut se développer par des exercices de centration.

Par exemple, si je forme un anneau en faisant se rejoindre mon pouce et mon index, que je serre de toutes mes forces musculaires, vous parviendrez à l’ouvrir en forçant ; mais si j’entre dans un état de détente corporelle, si je lâche mes émotions en me tranquillisant et si je prends une décision claire dans ma tête, je suis alors parfaitement centré. Je relie les trois niveaux de mon être (corps, cœur, conscience) et l’énergie circule. Il devient alors impossible à quelqu’un de séparer mes deux doigts !
Quand vous êtes dans votre élan vital, parfaitement relié entre les différents plans de votre personne, vous êtes dans votre pleine puissance de vie. C’est, par exemple, cette puissance qu’illustre très bien l’image désormais célèbre de l’étudiant chinois qui arrête le char sur la place Tien an Men. Dans toute approche de la vie, c’est notre manière d’orienter l’attention et l’intention qui fait la différence. Je me souviens d’une méditation zen où quelqu’un demandait à maître Deshimaru :

« Comment se fait-il que vous ayez fait un dojo avec un sol en béton ?

 Comment l’énergie peut-elle y circuler ? Et le maître zen répondait :

« C’est bien cela la méditation : s’apercevoir que l’énergie spirituelle traverse le béton ».

C’est l’intention qui est maître. Si nous sommes sans intention, nous allons subir un environnement qui nous coupe de la vie, mais si nous utilisons la graine de conscience déposé dans chaque être pour créer et transformer, nous maintenons le contact avec la vie.

Une de nos missions en tant qu’être humain est d’être des explorateurs, de continuer à oser déployer notre créativité. Comme dans le cycle des saisons, nous passons par différentes étapes :

l’élan naissant de la vie, son rayonnement, sa décroissance et son retrait.

 Evoluant ainsi de l’enfant libre à l’adulte rayonnant puis à la sagesse de la maturité. Entraîner vers la vie, c’est proposer une pédagogie précise pour éveiller puis libérer l’élan vital et que chacun soit au final dans sa plénitude, c’est à dire rayonnant de vie et d’amour.

 Aussi j’aide, à chaque étape, les personnes à être plus vivantes, plus autonomes et à trouver leur façon d’être au monde, sans perdre le contact avec leurs ressources intérieures. Etre au plus proche de son humanité pour mieux laisser circuler la vie.

Le fait est de constater que si je suis plein de vie, plus joyeux, plus aimant, plus respectueux des autres et de la vie, je suis moins malade, mieux en relation, plus créatif !

Pour s’interroger sur son élan vital, on peut se poser quelques questions : comment suis-je relié en moi-même ?

Comment vais-je développer mes ressources, mes talents ?

Au service de quoi ?
Cela me donne-t-il plus de joie, d’autonomie, de créativité et d’amour ?

Ce sont de bons critères d’appréciation. Avec la pratique, on devient de plus en plus réceptif. Aujourd’hui, par exemple, avec mon petit garçon de deux ans, je suis plus attentif que jamais à l’émergence de sa conscience, de son imaginaire, au déploiement et à la protection de son élan vital.

Conseils pour le printemps


La redécouverte de l’élan vital s’inscrit bien dans le mouvement du printemps. Au printemps, on peut laisser rayonner l’énergie. Voici quelques exercices et entraînements à appliquer au quotidien pour vous aider à en prendre conscience.



1-
 Porter plus particulièrement votre attention à tous les premiers mouvements, tous les commencements de votre vie : le début d’une journée, le premier regard du matin, la première rencontre avec mon collègue, la première parole, le début d’un travail, d’une relation... Prendre le temps de sentir comment je suis, ce que j’éprouve à ce moment là.


2-
Faire chaque jour un exercice pour sentir son élan vital. Le soleil : en faisant partir la voix du plexus solaire et en laissant le son se prolonger jusqu’au bout des doigts, courir les bras grands ouverts en chantant le mot « SOLEIL » et en restant longtemps sur le son « EIL », un son qui suscite la joie jusqu’à illuminer le regard. Le centre vital : à la fin d’une expiration, compresser 5 à 7 secondes le centre vital (le hara, trois doigts sous le nombril), puis laisser rebondir le ventre et jaillir l’inspir.


Le flux lumineux : debout les pieds dans la terre, bras levés, au soleil en pleine nature, je visualise un flux lumineux qui ressource et me traverse de la terre vers le ciel et du ciel vers la terre pour s’harmoniser dans un rayonnement bienfaisant.




3-
Retrouver la sensation de humer en respirant différentes huiles essentielles ou le parfum subtil des fleurs printanières. Prendre le temps de sentir l’énergie vitale passer à travers ce parfum dans vos narines. Ainsi votre énergie se nourrit et se renouvelle.


4-
C’est aussi le moment de se poser les bonnes questions : qu’est-ce que veut dire renaître pour moi ? A quoi ai-je envie de renaître ? Comment j’ose vivre mes désirs ?


Un site à consulter : http://www.reliance.fr/
Propos recueillis par Elisabeth Marshall sur nouvelles Clés :

http://www.cles.com/

Si par hasard cela vous intéresse un autre de mes blogs :

http://pensees.positives.over-blog.com/


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